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Adrar yedren (la montagne vivante), recueil de poèmes d'Halima Aït Ali Toudert. La poésie comme oxygène

  

Adrar yedren (la montagne vivante), poèmes en tamazight de Halima Aït Ali Toudert, traduction française de Boukhalfa Bitam, 112 pages, année 1997, publication à compte d'auteur.

 

Avant de nous faire découvrir ou redécouvrir  l'interprétation du monde des êtres humains selon les mythes et symboles amazighs contenus dans les contes de son recueil présenté dans ce  blog en juin  2010, Halima Aït Ali Toudert nous a  livré avec ses poèmes en tamazight, variante kabyle (accompagnés de la traduction française de Boukhalfa Bitam), une fresque sur beaucoup des aspects de la vie des imazighen montagnards de Kabylie. Cette fresque écrite dans un style plein de nuances, de retenue en même temps que de force a été conçue, jour après jour, à l'image du tapis traditionnel qui remplit petit à petit le métier de la tisseuse.

Ces poèmes sont largement inspirés des  heurs et malheurs des algériens, en particulier  des montagnards de  Kabylie, magnifiés par le talent et la sensibilité de l'auteure, et traitent de bien des questions culturelles, sociales et politiques qui ont de tout temps mobilisé la réflexion et l'action des individus et des groupes considérés.

L'auteure réalise ses travaux de création en s'inscrivant dans une  tradition multi-séculaire de poètes qui ont  rempli les fonctions indissociables, d'une part,  de témoins de la vie des hommes et des femmes de leur temps et, d'autre part,  de porte-paroles de leur combat pour la liberté, la justice et le bien-être.

Les poèmes figurant dans le recueil sont au nombre de quarante cinq classés à l'intérieur des dix thèmes suivants : la Femme ; amour, amitié et séparation ; moments de joie ; nostalgie ; la guerre de libération ; corruption, arbitraire et médiocrité ; hommes et femmes d'antan ; poètes ; la mal-vie ; fierté, lutte et espérance.

Halima Aït Ali Toudert aime à réciter ses poèmes devant un auditoire choisi.  Debout, droite, elle les dit avec gravité et conviction. Et aussi avec cette humilité, pour moi admirable, qui caractérise les poètes et créateurs d'oeuvres vraiment dignes d'intérêt.      

                                                

Poème choisi de "Adrar yedren"

Version originale:    ASENDUQ  N TAḌAMUN

I waḍu nni id-d iṣuḍen

Asmi  I nḍeggeṛ lfeṭṭa

Γuri taeṣebt uqerru

Ṭ-ṭebzimt i-d teǧǧa yemma

Γuri sin yebzimen

Akw d umeclux n nnila

Γuri tazra m lḥarz

Akw d uxelxal bu tsura

 

Sdukwleγ-ten d a kemmus

Cegɛaγ-ten I ben bella

Ixeddem-aγ-d icebcaqen

Mkul agram slaγla

Asenduq n taḍamun

Ibuy abrid n trewla

 

Ad zmaγ deg yiman-iw

Acimi I neshel I tḥila

 

Traduction française: LE TRESOR DU PEUPLE

Quel était ce vent de folie

Qui nous a fait jeter

Nos bijoux ?

 

J'avais un diadème

Et une broche venant de ma mère,

J'avais deux fibules

Et des bracelets à émaux,

 J'avais collier à girofle

Et gaines de pied à fermoir

 

J'en ai fait un colis

Et tout donné à Ben Bella

Lui nous donna monnaie

De vil métal

Qu'on ne pouvait gagner

Qu'à grande peine.

Les coffres pleins d'or

Ont pris la fuite…

 

Amers reproches à moi-même

Pourquoi sommes-nous si faciles à duper ?



25/01/2012
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