Tamazight et identité algérienne
La grille de lecture présentée construite notamment autour des deux concepts d'identité et de mondialisation(cf. l'étude d'A. Dourari http://www.maghrebemergent.com/contributions/idees/item/38583-normalisation-de-tamazight-et-glottopolitique-en-algerie.html) qui semble impacter fortement la précédente, est scientifiquement juste; ce qui l'est moins, c'est de chercher à l'utiliser pour abandonner le grand chantier de modernisation de Tamazight sachant que la scientificité d'un outillage conceptuel n'est jamais établi une fois pour toute en tout temps et tout lieu. Démonstration de sa pertinence doit être faite pour chaque champ d'analyse particulier, en l'occurrence la société algérienne, ceci au moyen de données concrètes à jour et validées. Or, dans ce domaine, il existe des failles qui minent l'argumentaire développé. Les plus visibles de ces failles paraissent être:
- la carte des parlers en tamazight qui est figée dans ce qui est considéré être leurs différents centres géographiques et historiques (Kabylie, Aurès, Mzab, Chenoua, etc. Elle doit au contraire être adaptée à la lumière des mouvements considérables des populations enregistrés depuis l'indépendance. De ce point de vue, Alger par exemple (et non pas Tizi Ouzou , Bejaïa, Batna, Ghardaïa ou Cherchell) apparaitrait comme concentrant les populations les plus importantes de locuteurs berbérophones. Pourtant des données récentes existent puisque un des recensements nationaux, celui de la fin de la décennie 1990 si je ne me trompe, comportait une question relative à la langue parlée à l'intérieur de la sphère familiale. Où sont dons les données recueillies à cette occasion ?
- L'absence d'analyse en terme de sociologie historique et politique représente la deuxième faille. En effet, contrairement à ce qui est affirmé, le mouvement global (social, culturel et politique tendant à la modernisation de tamazight) résulte, à mon avis, non pas tellement d'un archaïsme ou d'un conservatisme mais d'une réaction de de survie d'un pan de la culture et de l'identité algérienne dans sa permanence historique. Surtout avec la disparition rapide sous le coups de boutoir de la colonisation des cadres sociaux traditionnels qui contenaient les outils d'apprentissage et de transmission des langues parlées et des cultures vécues. Avec l'indépendance, ce phénomène est renforcé significativement par la politique d'arabisation telle que conçue et menée par l'Etat. A cet égard, le mouvement berbériste doit être vu comme un acteur du renouveau et de la modernisation des langues et cultures algériennes rendus d'autant plus indispensables que la politique d'arabisation a tendu et tend toujours souvent à attaquer sournoisement en vue de les faire disparaître, les fondements, c'est-à-dire l'ADN, de l'identité algérienne millénaire. Cette politique des tenants du pouvoir depuis l'indépendance a toujours eu pour objectif implicite la marginalisation, ou pire encore, l'éradication de la culture et de la langue amazigh.
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