L’autonomie de la Kabylie dérange les ennemis honteux de l'algérianité
"Dans cet article Nadir Djermoune retrace l’évolution politique de Ferhat M’henni d’une sorte de berbérisme de gauche à la revendication de la « kabylité ». Pour lui, l’intérêt que suscite son discours s’explique par le fait qu’en « détachant » la Kabylie de l’Algérie, il la rattache au monde « évolué », l’Europe, qui n’avait jamais autant fasciné les jeunes Kabyles."
D'un point de vue historique, l'autonomie de la Kabylie n'a rien d'extraordinaire, au contraire. Le souci permanent de ses habitants à travers les siècles a toujours été d'éviter l'emprise des états qui se sont succédés dans le Maghreb central. Ce n'est qu'avec l'occupation française que cette autonomie a cessé d'exister dans une Algérie transformée en colonie de peuplement. Aussi, affirmer que la revendication autonomiste actuelle, en réalité bien antérieure à son expression politique par le MAK et Ferhat Mehenni, provient d'un "mirage européen" (ou d'une envie de se joindre à la table du festin de l'Europe prospère) est une grande fumisterie pour ne pas dire plus là où il s'agit beaucoup plus d'un désir (conscient ou inconscient) de rétablir la place qui était celle de la Kabylie avant la colonisation française dans cadre de l'ensemble algérien de l'époque alors sous domination ottomane. Ce mouvement autonomiste , culturel avant d'être politique, est surtout un des signes de l'échec de l'Etat algérien postindépendance à réduire l'identité algérienne à la seule dimension arabe (l'islam n'y étant en vérité pour rien puisque les quatre cinquième au moins des musulmans du monde ne sont pas de langue arabe) et, partant, à l'appauvrir. Pourtant, les historiens, sociologues et ethnologues s'accordent à dire que l'Algérie et au-delà, le Maghreb et toute l'Afrique du nord, a toujours été un espace de diversité humaine, religieuse, culturelle et linguistique. De ce point de vue, il est paradoxal que des personnes en symbiose avec leur terre d'Algérie soient suspectées, voire accusées de vouloir rejoindre l'Europe prospère. Il est cependant connu que le vice aime à prendre les apparences de la vertu.
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