Elections législatives en Algérie: Voter ou non ?
Coincés entre ce que nous savons être un droit et aussi un devoir citoyens – le vote- et les pratiques manipulatrices du mélange de gérontocrates et de ploutocrates au pouvoir depuis des décennies, la décision de voter ou pas est le premier sujet de questionnement qui revient, hélas à chaque rendez-vous électoral, pour un grand nombre d’électeurs algériens. Ce qui est le signe parmi d’autres que la démocratie en tant que mode d’organisation et de fonctionnement de la société et de l’Etat est loin d’occuper en Algérie la place qui doit lui revenir compte tenu de son rôle incontournable dans la promotion des libertés individuelles et collectives.
Raisons de voter
Voyons d’abord quelles sont les raisons d’aller voter. Voici, à mon humble avis, les plus importantes :
1. Participer, en tant que citoyen et partie intégrante du peuple souverain, aux choix des personnes appelées à diriger le pays ;
2. Élire les personnes qui nous paraissent les plus aptes à travailler dans le sens de l’intérêt général, c’est-à-dire la liberté, la justice et le développement. ;
3. Elire les personnes les plus convaincues de la nécessité de progresser dans la construction de la démocratie aussi bien dans l’Etat que dans la société;
4. Elire des personnes porteuses d’un projet politique ambitieux et mobilisateur à la fois pour l’Algérie et le Maghreb ;
5. Sanctionner, malheureusement le plus souvent négativement, les personnes précédemment élues qui ont failli dans la réalisation des raisons – qui sont aussi des exigences- ci-dessus.
Raisons de ne pas voter
1. Voir toujours les même têtes occuper les devants de la scène depuis des décennies, à croire que le temps s’est figé pour certains privilégiés du régime en place qui croient vraiment être irremplaçables;
2. Une partie des sigles des parties politiques entrés récemment en campagne en ce début d’année 2012 sont peu connus ou même inconnus des électeurs car de création très récente (parfois quelques mois voire semaines) : n’est ce pas une façon de dérouter les électeurs et de les pousser à voter, bon gré malgré, pour les têtes et les sigles connus, donc d'influencer les résultats du scrutin?
3. Les pratiques mafieuses et la chasse à l’argent facile envahit progressivement les rendez-vous électoraux. Ainsi, le gros des candidats aux élections législatives ont pour objectif : soit, pour les riches arrivistes, l’immunité parlementaire en vue de se protéger de poursuites judiciaires éventuelles pour leurs biens mal acquis, soit, pour les aventuriers sans scrupules, la voie rapide pour s’accaparer des richesses publiques comme l’ont fait et continuent à le faire une bonne partie des tenants, petits et grands, passés et présents, du régime en place.
4. Jusqu’à présent, les conditions de préparation, de déroulement et de contrôle des élections restent, à mon humble avis, inconnues, comme ces données à jamais perdues de la boîte noire d’une épave d’avion disparue dans les profondeurs de l’océan.
5. Le manque voire l’absence de confiance dans les organisateurs des élections : à chaque rendez-vous électoral, ils font des déclarations d’intention d’organiser des scrutins « propres et honnêtes » et demandent (je dirai plutôt, exigent) des électeurs (dont la somme compose le peuple, seul détenteur de la souveraineté nationale, faut-il rappeler) d’avoir a priori confiance et de voter, alors que le problème réside dans le manque de confiance (en raison des fraudes et manipulations passées) de ces derniers. Autrement dit, il s’agit pour les organisateurs et les contrôleurs des élections de mériter la confiance des électeurs, donc d’en apporter au préalable les preuves par leur déroulement dans la transparence.
Alors, voter ou pas ? J'avoue que la question s'est toujours posée pour moi à chaque élection. Et depuis qu'il existe un pluralisme politique en Algérie, je vote ou m'abstiens au cas par cas du fait des doutes et questionnements exposés plus haut.
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