Algérie: les oligarques affichent leur emprise sur le pouvoir
"... Une autre image ? Celle, décisive et spectaculaire, du show final de Ali Haddad après sa campagne en candidat unique à la tête du FCE. Images terribles : le bonhomme s'est fait attendre, confortablement, par «ses» ministres, pendant longtemps avant son arrivée selon la presse. Ils étaient plusieurs, avec le wali d'Alger et le patron de l'UGTA à l'attendre docilement. C'est une première dans les mœurs politiques algériennes. C'est la première fois que le régime montre qu'il a changé de main et qu'il l'assume. C'est un véritable coming out : on ne se cache plus de cette proximité longtemps honnie et taboue entre «privé» et dignitaires du régime. On la revendique et on y exprime même une hiérarchie : Haddad en Premier ministre, puis les ministres. Lui, puis le régime dont il est désormais le noyau dur et pas seulement l'électron. Le régime ne cache plus ses liens de servitude avec les oligarchies : la famille révolutionnaire s'accommode de la «famille de proximité» et y voit son avenir. Cela rappelle une étrange déception : on a longtemps espéré l'ouverture du champ audiovisuel avant de tomber sur les Ennahar et Echourouk TV qui nous font regretter la RTA. Ici, on a longtemps espéré une transition entre la génération 54 et la génération jeune, on a abouti à la génération 54%.
Avec un Président faible, un régime collégial en forme de SPA et un affaiblissement de l'opposition de rue ou de locaux, l'Alliance oligarchique n'hésite plus à prétendre des photos de groupe avec ses employés nouveaux. Jamais de l'histoire algérienne une élection de patronat n'a eu les airs d'une rencontre au sommet et d'un congrès de la Soummam alimentaire. C'est fait. C'est l'image de la décennie. Le Pouvoir est en mutation ouverte."
Raina Raikoum de Kamel Daoud, "Le quotidien d'Oran du 21-11-2014. http://www.lequotidien-oran.com/?news=5206313
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