Sonatine, mélodie mortelle, film de Takeshi kitano. Un justicier - hors-la-loi fait le ménage chez les yakusas
Avec Takeshi Kitano, Aya Kokumai, Tetsu Watanabe
Long-métrage japonais. Genre : Policier
Durée : 1h34 min Année de production : 1993
Murakawa et ses hommes sont envoyés à Okinawa pour prêter main forte à un autre clan yakuza. Mais il s'agit d'un traquenard et plusieurs hommes de Murakawa y trouvent la mort. Murakawa prépare sa vengeance, caché dans une petite maison au bord de la mer.
J’ai vu Sonatine, mélodie mortelle, de Takeshi kitano vendredi 12 février passé à l’occasion de la séance hebdomadaire du ciné club Chrysalide.
Voilà un film de yakusas pas comme les autres, selon les propos de l’un des animateurs. Le réalisateur en est aussi l’acteur principal. Le film tient à la fois du cinéma commercial – avec les scènes de violence qui caractérisent le genre- et du cinéma d’auteur – avec un discours sous jacent sur la vie et la mort.
Voici mon interprétation de ce film présentée lors des débats qui ont suivi la projection.
Sonatine est construit sur deux binômes convergents entre eux mais dont les deux termes de chacun sont, par contre, en opposition :
- le moteur de l’histoire est la constitué par la trahison d’un chef de clan yakusa par les chefs suprêmes de son organisation, lesquels ont voulu se débarrasser de lui et de ses compagnons en l’envoyant de Tokyo – leur « territoire » – à l’ile d’Okinawa pour une soit disant mission d’arbitrage entre deux clans locaux entrés en conflit ouvert. Sa révolte est d’autant meurtrière qu’elle est en quelque sorte légitimée par l’abandon par ses chefs du code d’honneur traditionnel des organisations yakusas au profit d’une dérive dans un affairisme sans frein.
- La mise en scène est organisée autour d’une seconde opposition : celle entre la ville et la campagne. La première, terrain d’action ordinaire des yakusas dans tous leurs trafics illégaux, est porteuse de tous les dangers, y compris la mort ; la seconde où, contre toute attente, se déroule la moitié du film, est le lieu où la bande condamnée par son organisation trouve refuge et passe des vacances forcées, somme toute, loin d’être désagréable.
Quant au suicide final du chef de bande juste après avoir massacré à la mitrailleuse les têtes des organisations yakusas tenant une réunion au sommet nocturne ainsi que toute leur garde rapprochée, il peut avoir les deux significations suivantes :
- Ayant dit dans une des scènes du film qu’à force d’avoir peur en permanence, il est préférable de mourir, il choisit de se tuer pour avoir définitivement la paix ;
- après avoir tué ses semblables, il choisit – le personnage ne se faisant aucune illusion sur sa personne- de terminer le sale boulot. Dans ce cas, le suicide n’est pas une fuite mais une (auto) punition.
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