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Home, film de Ursula Meier, avec Isabelle Huppert.. Huis-clos en famille et éloge de la fuite.

Réalisé par : Ursula MEIER

Avec : Isabelle Huppert , Olivier Gourmet , Adélaïde Leroux Durée

Durée 1h37min

Pays de production : Belgique, France

Titre original : Home

Distributeur : Diaphana

                     

Synopsis : Au milieu d'une campagne calme et désertique s'étend à perte de vue une autoroute inactive depuis sa construction plusieurs années auparavant et laissée à l'abandon. Tout au bord du bitume, à quelques mètres seulement des barrières de sécurité, se trouve isolée, une maison avec un petit jardin. Dans cette maison vit une famille. Les travaux reprennent et l'autoroute va être mise en circulation.

 

L'histoire du film part d'une idée à laquelle j'ai eu de la peine à adhérer : le mal que ça peut faire d'habiter au bord d'une autoroute. Difficile d'y croire, surtout que ca se passe dans une société hyper organisée, en  France (ou alors en Suisse, ou les deux, la réalisatrice étant franco-suisse !).

La première partie du film présente l'envahissement progressif, donc le bouleversement de la vie de cette famille de cinq personnes ( le mari, l'épouse et les trois enfants, deux filles et un garçon) par l'ouverture d'un tronçon d'autoroute qui passe juste en face de leur maison isolée en pleine campagne : difficultés de se déplacer à l'école, au travail, pour faire les commissions ; bruits et émanations continuels des moteurs.

Au fil du temps, les nuisances s'accroissent. Avec l'apparition des embouteillages, la pollution devient insupportable et leur vie privée est souvent envahies par des milliers d'yeux indiscrets en arrêt forcé.

C'est à ce moment critique que la fille aînée décide soudainement de se sauver sans avertir, sans doute pour faire sa vie, en partant avec un automobiliste de passage.

Commençant à présenter des symptômes inquiétants de maladies (boutons, difficultés respiratoires, insomnies…), le père, en accord avec la mère, ferme toutes les ouvertures de la maison et renforce  l'isolation en plaçant de la laine de verre le long des murs. A ce moment, commence pour eux un calvaire d'un autre genre : quasi absence de bruits de l'extérieur et  d'aération, chaleur de plus en plus suffocante. Ce qui les met lentement mais sûrement dans un état semi comateux, annonciateur d'une fin prochaine… Dans un ultime sursaut de l'instinct de survie, la mère casse le mur fermant la porte d'entrée.  Ils se sauvent de leur maison en courant comme des fous à travers les herbes hautes…

La mise en scène rend bien le climat d'oppression qui s'empare des personnages.  Elle les serre de près et ne sort pas de leur territoire restreint, y compris lorsque des files interminables d'automobilistes restent bloqués face à leur maison. Cette façon de faire amène le spectateur à imaginer les émotions des personnages : inquiétude mêlée d'amusement du début, effets nocifs des bruits et des gaz d'échappement, confinement et étouffement et, enfin, libération par la fuite.

Le jeu des acteurs, à commencer par l'excellente Isabelle Huppert, rend bien l'évolution de la situation de la famille. Signalons tout de même le caractère à part du personnage de la fille ainée, tout le temps ailleurs, à écouter la musique en casque, fumer comme cheminée et exposer sa nudité au soleil et , surtout au regard des automobilistes. En fait elle a « décroché », est en partance.

La famille vit et agit comme un groupe soudé, un clan dont la mère est le pôle central. Ainsi, quand le père essaie de prendre tout seul les choses en main et d'évacuer sa femme et ses enfants, il se  heurte à leur résistance à trois. Seul et isolé, il n'a d'autre issue que de rejoindre le groupe.

Manifestement, « Home » n'est pas un film d'évasion grand public. Au contraire, le spectateur y est pris à rebrousse-poil  en le mettant en situation de malaise par rapport au drame de cette famille « représentative » au sens des sondages d'opinion. « Home » me semble être un conte moderne dont il revient à chacun de nous de trouver l'interprétation (ou la morale ?) :

-En asservissant la planète à la satisfaction de ce qu'ils croient  être leurs besoins, les humains ne travaillent-ils pas à leur propre perte ?

-Malgré toutes les libertés dont disposent les individus, peuvent-ils vraiment concrétiser leur choix de vie quand les rouleaux compresseurs que sont les états et les entreprises se mettent de travers ?

-Lorsque des être humains sont menacés dans leur intégrité physique et morale, la fuite ne reste –t- elle pas la seule issue viable ?



19/12/2011
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