La Kabylie et le MAK (*) ou l'indépendance au risque de la balkanisation
En principe, je ne suis pas à priori opposé à l'idée d'instaurer en Algérie un système d'institutions politiques qui comporte des doses plus ou moins fortes de décentralisation territoriale dans le cadre soit d'une régionalisation soit d'un fédéralisme.
En pratique, l'enjeu réside dans la capacités des uns et des autres - dirigeants, élites et citoyens - à contenir les risques de plus en plus sérieux de voir les forces centrifuges (en l'occurrence, séparatistes) - en Kabylie mais pas seulement - aboutir à la remise en cause de l'existence même de l'Etat algérien. Cette situation de tension croissante entre séparatistes et nationalistes, nous la devons en premier, non pas à Ferhat Mehenni et au MAK, mais au passif accumulé par les dirigeants maghrébins qui ont oublié (ou trahi), depuis les indépendances, l'idéal d'unité fixé par les aînés au profit d'une confrontation stérile entre nationalismes chauvins. En effet, si le projet maghrébin avait reçu un début de concrétisation, les revendications indépendantistes, celle du MAK et d'autres à venir, charrieraient moins de risques de balkanisation et auraient été "récupérées" par la construction supra nationale qui aurait alors joué le rôle providentiel d'amortisseur des chocs politiques et sociaux majeurs.
Concernant Ferhat Mehenni et les militants du MAK, il me semble que le moins qu'il puissent faire pour avoir du crédit auprès des kabyles, sans que cela débouche obligatoirement sur une adhésion à leur projet indépendantiste, c'est de leur manifester du respect en :
- cessant de prétendre parler en leur nom à tous;
- en révélant suffisamment d'informations sur les personnes et les entités qui les appuient moralement et/ ou matériellement en Algérie;
- rendant public les noms des Etats et des organisations qui les appuient moralement et/ou matériellement à l'étranger;
- poussant les militants kabyles du MAK établis à l'étranger (notamment à Paris deuxième ville kabyle après Alger et avant Béjaïa et Tizi-Ouzou) à revenir en Kabylie et s'y investir. Vu l'amour apparemment fort porté à cette dernière, le retour des parisiens et autres kabyles de la diaspora, qui militent au sein du MAK, devrait pouvoir se faire assez rapidement.
De mon point de vue, si ces conditions ne sont pas satisfaites, il est peu probable que Ferhat Mehenni et le MAK puissent obtenir un soutien populaire suffisant pour leur permettre de mener avec quelque chance de réussir le combat pour l'indépendance de la Kabylie.
(*) Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie.
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