L'impossible programme de développement économique du régime saoudien
Annoncé récemment par le gouvernement saoudien et relayé par de puissants canaux médiatiques, le programme de développement dénommé "Horizon 2030" consiste en une vaste conversion de l'économie de rente actuelle en une économie compétitive et diversifiée qui délivrerait le pays de la dépendance aux hydrocarbures. Ce programme serait financé par la vente de 5% du capital de l'ARAMCO (la compagnie pétrolière saoudienne) dont le produit atteindrait 2000 Milliards de dollars et alimenterait le fonds souverain saoudien qui deviendrait ainsi le premier du monde.
Un programme économique d'une telle ambition soulève cependant plus de questions qu'il n'apporte de réponses. La plus évidente des questions est celle de savoir si un projet de réformes économiques structurelles de cette importance peut raisonnablement se passer d'un volet politique, voire même culturel et sociétal. Cette absence, qui me parait remarquable, peut s'expliquer de deux façons:
1/ Le volet réformes politiques existe mais sa diffusion publique reportée de crainte que les changements préconisés soient rejetés par la caste des émirs et par le peuple, tous les deux nourris au biberon de la rente pétrolière depuis des décennies.
2/ Le volet réformes politique n'est pas prévu soit par manque de courage politique vu la forte hostilité interne qu'il susciterait soit par myopie intellectuelle de ses concepteurs qui, en technocrates de caricature, se croiraient capables de restructurer l'économie saoudienne sans accompagner un tel processus de grande ampleur par les réformes politiques indispensables.
Dans les deux situations ci-dessus, le programme annoncé peut être considéré d'ores et déjà comme mort-né. La réalité que l'Arabie saoudite pourrait vivre dans les années à venir, et que ses voisins proches et moins proches auraient à subir, consisterait à mon sens en un raidissement du pouvoir archaïque et obsolète de la monarchie accompagné de la tentation de fuite en avant, déjà visible, au moyen de l'exportation de ses contradictions internes de plus en plus aiguës vers son voisinage du Moyen-Orient par, d'une part, son engagement direct dans des aventures militaristes et, d'autre part, des alliances stratégiques avec des organisations dites "djihadistes" avec lesquelles la caste des émirs partage une proche parenté idéologique ainsi que des intérêts stratégiques conciliables de leur point de vue. Autrement dit, pour garantir sa pérennité, le pouvoir saoudien pourrait définitivement opter pour la politique du pire.
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