L’homme qui aime causer aux femmes
Samedi 05 juillet, c'est la fête de l’indépendance. Je sors de chez moi vers 09 heures en direction d’El Madania. Au centre de Bir-Mourad- Raïs, des policiers dévient les automobIlistes vers El Mouradia, sans doute dans le but de « libérer » la voie à des convois d’officiels. Je prends un autre itinéraire vers ma destination première.
En chemin, je vois un homme marcher presque au milieu de la chaussée en boitant du pied droit. En le dévisageant, je distingue ses traits qu’on dirait sortis droit d’une caricature : gros nez, yeux globuleux, bouche charnue, sourcils en broussaille. Je reconnais, malgré les séquelles du temps, l’homme qui se tient habituellement debout face à un mur et sans jamais s’y adosser, en plein centre d’El Mouradia, à regarder les femmes passer, tenter d’attirer leur attention du regard, les saluer, leur souffler des mots gentils, sans provoquer, dans la plupart des cas, de réaction positive ou négative.
Les semaines, les mois et, peut être, les années (!) passant, des femmes dont c’est l’itinéraire quotidien, prises sans doute de pitié pour cet homme, ont fini par répondre à son salut, lui sourire gentiment et, plus rarement, tenir avec lui une petite conversation agréable au vu des sourires échangés. Le visage disgracieux de l’homme devient alors rouge de bonheur.
Miracle de la nature humaine ou simple leurre de mon imagination, il est, dans ces moments là, transfiguré en un de ces bels hommes qu’il n’a jamais été.
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